Jacques Prévert → Ζακ Πρεβέρ

Frederique · 113 · 72312

Frederique

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Cortège


Un vieillard en or avec une montre en deuil
Une reine de peine avec un homme d'Angleterre
Et des travailleurs de la paix avec des gardiens de la mer
Un hussard de la farce avec un dindon de la mort
Un serpent à café avec un moulin à lunettes
Un chasseur de corde avec un danseur de têtes
Un maréchal d'écume avec une pipe en retraite
Un chiard en habit noir avec un gentleman au maillot
Un compositeur de potence avec un gibier de musique
Un ramasseur de conscience avec un directeur de mégots
Un repasseur de Coligny avec un amiral de ciseaux
Une petite sœur du Bengale avec un tigre de Saint-Vincent-de-Paul
Un professeur de porcelaine avec un raccommodeur de philosophie
Un contrôleur de la Table Ronde avec des chevaliers de la Compagnie du Gaz de Paris
Un canard à Sainte-Hélène avec un Napoléon à l'orange
Un conservateur de Samothrace avec une Victoire de cimetière
Un remorqueur de famille nombreuse avec un père de haute mer
Un membre de la prostate avec une hypertrophie de l'Académie française
Un gros cheval in partibus avec un grand évêque de cirque
Un contrôleur à la croix de bois avec un petit chanteur d'autobus
Un chirurgien terrible avec un enfant dentiste
Et le général des huîtres avec un ouvreur de Jésuites.


Jacques Prévert, Paroles, Éditions Gallimard, 1949, p. 227-228
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Noces et banquets


A William Blake

Dans les ruines d'une cathédrale
Un boucher pleure comme un veau
A cause de la mort d'un oiseau
Et couchée sur les dalles craquelées
Une cloche écroulée et fêlée
Montre son battant rouillé
On dirait un gros prêtre obscène
Dont le vent soulève la soutane
Et dans la sacristie en miettes
Trois ou quatre drôles en casquette
Font la quête
A l'occasion du mariage du Ciel et de l'Enfer
Cela se passe en Angleterre
Et aussi en l'honneur de la Révolution française
Et même de la mort de Louis XVI
Le garçon d'honneur s'appelle William Blake
Il est tout nu et très correct
Mais il garde son chapeau sur la tête
Parce que le Saint-Esprit est dedans
C'est le Saint-Esprit de Contradiction
Quand on lui demande Esprit es-tu là
Toujours avec un doux sourire cet oiseau répond
Non
A la fin de la noce William Blake en fera cadeau au boucher
Il oubliera défunt son perroquet
Et s'en retournera tuer les bêtes
Avec un gros maillet
Nous ne sommes pas à un oiseau près
Pense William Blake
Tout en pensant à autre chose
C'est-à-dire à rien d'autre qu'à regarder
Une éblouissante fille invitée à la noce on ne sait pas par qui
Et qui est là très belle et aussi nue que lui
Une beauté
Pense William une beauté d'un calme éclatant
Pure comme le vin rouge
Et innocente comme le printemps
Et il la regarde parce qu'il a envie d'elle
Elle le regarde aussi parce que peut-être elle aussi elle a envie de lui
C'est alors qu'arrive avec son petit orgue
Un grand canard de Barbarie
Et il joue un air de tous les temps et de tous les pays
Et la noce commence
La noce proprement dite
Précise William Blake
Car il y a des choses qui sont si mal dites
Et si malproprement
C'est pour la messe que vous dites ça
Demande un vieil homme à tête de prophète ou d'évêque
Et qui a l'air très contrarié
Mais William Blake est un gentleman
Un homme gentil comme on dit en Angleterre
Et il n'a pas du tout envie de discuter avec un évêque
Le jour du mariage du Ciel et de l'Enfer
Et aussi même qui sait peut-être par la même occasion
Le jour de ses propres noces
Puisque la jolie fille est si belle
Et que sans aucun doute il l'aime
Et que peut-être elle l'aime aussi
Alors il se contente de dire
A l'homme à la tête d'évêque ou de prophète ou d'épingle de sûreté

« De même que la chenille choisit pour y poser ses œufs
Les feuilles les plus belles ainsi le prêtre pose ses malédictions sur nos plus belles joies »
Et alors en avant la musique
Pour la messe nous en reparlerons une autre fois
Et comme il a dit En avant la musique
La musique s'avance
Et derrière elle la fille éblouissante
Qui sourit à William Blake
Parce qu'un jour il a dit aussi

« C'est avec les pierres de la loi qu'on a bâti les prisons
Et avec les briques de la religion les bordels »

Et elle lui donne le bras
Et tout le reste avec
Et qui est-ce qui est bien content
C'est William
William Blake.


Jacques Prévert, Paroles, Éditions Gallimard, 1949, p. 229-231
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Promenade de Picasso


Sur une assiette bien ronde en porcelaine réelle
une pomme pose
face à face avec elle
un peintre de la réalité
essaie vainement de peindre
la pomme telle qu'elle est
mais
elle ne se laisse pas faire
la pomme
elle a son mot à dire
et plusieurs tours dans son sac de pomme
la pomme
et la voilà qui tourne
dans son assiette réelle
sournoisement sur elle-même
doucement sans bouger
et comme un duc de Guise qui se déguise en bec de gaz parce qu'on veut malgré lui lui tirer le portrait la pomme se déguise en beau fruit déguisé
et c'est alors
que le peintre de la réalité
commence à réaliser
que toutes les apparences de la pomme sont contre lui
et
comme le malheureux indigent
comme le pauvre nécessiteux qui se trouve soudain à la merci de n'importe quelle association bienfaisante et charitable et redoutable de bienfaisance de charité et de redoutabilité
le malheureux peintre de la réalité
se trouve soudain alors être la triste proie
d'une innombrable foule d'associations d'idées
Et la pomme en tournant évoque le pommier
le Paradis terrestre et Ève et puis Adam
l'arrosoir l'espalier Parmentier l'escalier
le Canada les Hespérides la Normandie la Reinette et l'Api
le serpent du Jeu de Paume le serment du Jus de Pomme
et le péché originel
et les origines de l'art
et la Suisse avec Guillaume Tell
et même Isaac Newton
plusieurs fois primé à l'Exposition de la Gravitation Universelle
et le peintre étourdi perd de vue son modèle et s'endort
C'est alors que Picasso
qui passait par là comme il passe partout
chaque jour comme chez lui
voit la pomme et l'assiette et le peintre endormi
Quelle idée de peindre une pomme
dit Picasso
et Picasso mange la pomme
et la pomme lui dit Merci
et Picasso casse l'assiette
et s'en va en souriant
et le peintre arraché à ses songes
comme une dent
se retrouve tout seul devant sa toile inachevée
avec au beau milieu de sa vaisselle brisée
les terrifiants pépins de la réalité.


Jacques Prévert, Paroles, Éditions Gallimard, 1949, p. 232-233
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Lanterne magique de Picasso


Tous les yeux d'une femme joués sur le même tableau
Les traits de l'être aimé traqué par le destin sous la fleur immobile d'un sordide papier peint
L'herbe blanche du meurtre dans une forêt de chaises
Un mendiant de carton éventré sur une table de marbre
Les cendres d'un cigare sur le quai d'une gare
Le portrait d'un portrait
Le mystère d'un enfant
La splendeur indéniable d'un buffet de cuisine
La beauté immédiate d'un chiffon dans le vent
La folle terreur du piège dans un regard d'oiseau
L'absurde hennissement d'un cheval décousu
La musique impossible des mules à grelots
Le taureau mis à mort couronné de chapeaux
La jambe jamais pareille d'une rousse endormie et la très grande oreille de ses moindres soucis
Le mouvement perpétuel attrapé à la main
L'immense statue de pierre d'un grain de sel marin
La joie de chaque jour et l'incertitude de mourir et le fer de l'amour dans la plaie d'un sourire
La plus lointaine étoile du plus humble des chiens
Et salé sur une vitre le tendre goût du pain
La ligne de chance perdue et retrouvée brisée et redressée parée des haillons bleus de la nécessité
L'étourdissante apparition d'un raisin de Malaga sur un gâteau de riz
Un homme dans un bouge assommant à coups de rouge le mal du pays
Et la lueur aveuglante d'un paquet de bougies
Une fenêtre sur la mer ouverte comme une huître
Le sabot d'un cheval le pied nu d'une ombrelle
La grâce incomparable d'une tourterelle toute seule dans une maison très froide
Le poids mort d'une pendule et ses moments perdus
Le soleil somnambule qui réveille en sursaut au milieu de la nuit la Beauté somnolente et soudain éblouie qui jette sur ses épaules le manteau de la cheminée et l'entraîne avec lui dans le noir de fumée masquée de blanc d'Espagne et vêtue de papiers collés
Et tant de choses encore
Une guitare de bois vert berçant l'enfance de l'art
Un ticket de chemin de fer avec tous ses bagages
La main qui dépayse un visage qui dévisage un paysage
L'écureuil caressant d'une fille neuve et nue
Splendide souriante heureuse et impudique
Surgissant à l'improviste d'un casier à bouteilles ou d'un casier à musique comme une panoplie de plantes vertes vivaces et phalliques
Surgissant elle aussi à l'improviste du tronc pourrissant
D'un palmier académique nostalgique et désespérément vieux beau comme l'antique
Et les cloches à melon du matin brisées par le cri d'un journal du soir
Les terrifiantes pinces d'un crabe émergeant des dessous d'un panier
La dernière fleur d'un arbre avec les deux gouttes d'eau du condamné
Et la mariée trop belle seule et abandonnée sur le divan cramoisi de la jalousie par la blême frayeur de ses premiers maris
Et puis dans un jardin d'hiver sur le dossier d'un trône une chatte en émoi et la moustache de sa queue sous les narines d'un roi
La chaux vive d'un regard dans le visage de pierre d'une vieille femme assise près d'un panier d'osier
Et crispées sur le minium tout frais du garde-fou d'un phare tout blanc les deux mains bleues de froid d'un Arlequin errant qui regarde la mer et ses grands chevaux dormant dans le soleil couchant et puis qui se réveillent les naseaux écumants les yeux phosphorescents affolés par la lueur du phare et ses épouvantables feux tournants
Et l'alouette toute rôtie dans la bouche d'un mendiant
Une jeune infirme folle dans un jardin public qui souriant d'un sourire déchiré mécanique en berçant dans ses bras un enfant léthargique trace dans la poussière de son pied sale et nu la silhouette du père et ses profils perdus et présente aux passants son nouveau-né en loques Regardez donc mon beau regardez donc ma belle ma merveille des merveilles mon enfant naturel d'un côté c'est un garçon et de l'autre c'est une fille tous les matins il pleure mais tous les soirs je la console et je les remonte comme une pendule
Et aussi le gardien du square fasciné par le crépuscule
La vie d'une araignée suspendue à un fil
L'insomnie d'une poupée au balancier cassé et ses grands yeux de verre ouverts à tout jamais
La mort d'un cheval blanc la jeunesse d'un moineau
La porte d'une école rue du Pont-de-Lodi
Et les Grands Augustins empalés sur la grille d'une maison dans une petite rue dont ils portent le nom
Tous les pêcheurs d'Antibes autour d'un seul poisson
La violence d'un œuf la détresse d'un soldat
La présence obsédante d'une clef cachée sous un paillasson
Et la ligne de mire et la ligne de mort dans la main autoritaire et potelée d'un simulacre d'homme obèse et délirant camouflant soigneusement derrière les bannières exemplaires et les crucifix gammés drapés et dressés spectaculairement sur le grand balcon mortuaire du musée des horreurs et des honneurs de la guerre la ridicule statue vivante de ses petites jambes courtes et de son buste long mais ne parvenant pas malgré son bon sourire de Caudillo grandiose et magnanime à cacher les irrémédiables et pitoyables signes de la peur de l'ennui de la haine et de la connerie gravés sur son masque de viande fauve et blême comme les graffiti obscènes de la mégalomanie gravés par les lamentables tortionnaires de l'ordre nouveau dans les urinoirs de la nuit
Et derrière lui dans le charnier d'une valise diplomatique entr'ouverte le cadavre tout simple d'un paysan pauvre assailli dans son champ à coups de lingots d'or par d'impeccables hommes d'argent
Et tout à côté sur une table une grenade ouverte avec toute une ville dedans
Et toute la douleur de cette ville rasée et saignée à blanc
Et toute la garde civile caracolant tout autour d'une civière
Où rêve encore un gitan mort
Et toute la colère d'un peuple amoureux travailleur insouciant et charmant qui soudain éclate brusquement comme le cri rouge d'un coq égorgé publiquement
Et le spectre solaire des hommes aux bas salaires qui surgit tout sanglant des sanglantes entrailles d'une maison ouvrière tenant à bout de bras la pauvre lueur de la misère la lampe sanglante de Guernica et découvre au grand jour de sa lumière crue et vraie les épouvantables fausses teintes d'un monde décoloré usé jusqu'à la corde vidé jusqu'à la moelle
D'un monde mort sur pied
D'un monde condamné
Et déjà oublié
Noyé carbonisé aux mille feux de l'eau courante du ruisseau populaire
Où le sang populaire court inlassablement
Intarissablement
Dans les artères et dans les veines de la terre et dans les artères et dans les veines de ses véritables enfants
Et le visage de n'importe lequel de ses enfants dessiné simplement sur une feuille de papier blanc
Le visage d'André Breton le visage de Paul Éluard
Le visage d'un charretier aperçu dans la rue
La lueur du clin d'œil d'un marchand de mouron
Le sourire épanoui d'un sculpteur de marrons
Et sculpté dans le plâtre un mouton de plâtre frisé bêlant de vérité dans la main d'un berger de plâtre debout près d'un fer à repasser
A côté d'une boîte à cigares vide
A côté d'un crayon oublié
A côté des Métamorphoses d'Ovide
A côté d'un lacet de soulier
A côté d'un fauteuil aux jambes coupées par la fatigue des années
A côté d'un bouton de porte
A côté d'une nature morte où les rêves enfantins d'une femme de ménage agonisent sur la pierre froide d'un évier comme des poissons suffoquant et crevant sur des galets brûlants
Et la maison remuée de fond en comble par les pauvres cris de poisson mort de la femme de ménage désespérée tout à coup qui fait naufrage soulevée par les lames de fond du parquet et va s'échouer lamentablement sur les bords de la Seine dans les jardins du Vert-Galant
Et là désemparée elle s'assoit sur un banc
Et elle fait ses comptes
Et elle ne se voit pas blanche pourrie par les souvenirs et fauchée comme les blés
Une seule pièce lui reste une chambre à coucher
Et comme elle va la jouer à pile ou face avec le vain espoir de gagner un peu de temps
Un grand orage éclate dans la glace à trois faces
Avec toutes les flammes de la joie de vivre
Tous les éclairs de la chaleur animale
Toutes les lueurs de la bonne humeur
Et donnant le coup de grâce à la maison désorientée
Incendie les rideaux de la chambre à coucher
Et roulant en boule de feu les draps au pied du lit
Découvre en souriant devant le monde entier
Le puzzle de l'amour avec tous ses morceaux
Tous ses morceaux choisis choisis par Picasso
Un amant sa maîtresse et ses jambes à son cou
Et les yeux sur les fesses les mains un peu partout
Les pieds levés au ciel et les seins sens dessus dessous
Les deux corps enlacés échangés caressés
L'amour décapité délivré et ravi
La tête abandonnée roulant sur le tapis
Les idées délaissées oubliées égarées
Mises hors d'état de nuire par la joie et le plaisir
Les idées en colère bafouées par l'amour en couleur
Les idées terrées et atterrées comme les pauvres rats de la mort sentant venir le bouleversant naufrage de l'Amour
Les idées remises à leur place à la porte de la chambre à côté du pain à côté des souliers
Les idées calcinées escamotées volatilisées désidéalisées
Les idées pétrifiées devant la merveilleuse indifférence d'un monde passionné
D'un monde retrouvé
D'un monde indiscutable et inexpliqué
D'un monde sans savoir-vivre mais plein de joie de vivre
D'un monde sobre et ivre
D'un monde triste et gai
Tendre et cruel
Réel et surréel
Terrifiant et marrant
Nocturne et diurne
Solite et insolite
Beau comme tout.

1944.


Jacques Prévert, Paroles, Éditions Gallimard, 1949, p. 234-240
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Rue de Seine


Rue de Seine dix heures et demie
le soir
au coin d'une autre rue
un homme titube... un homme jeune
avec un chapeau
un imperméable
une femme le secoue...
elle le secoue
et elle lui parie
et il secoue la tête
son chapeau est tout de travers
et le chapeau de la femme s'apprête à tomber en arrière
ils sont très pâles tous les deux
l'homme certainement a envie de partir...
de disparaître... de mourir...
mais la femme a une furieuse envie de vivre
et sa voix
sa voix qui chuchote
on ne peut pas ne pas l'entendre
c'est une plainte...
un ordre...
un cri...
tellement avide cette voix...
et triste et vivante...
un nouveau-né malade qui grelotte sur une tombe
dans un cimetière l'hiver...
le cri d'un être les doigts pris dans la portière...
une chanson
une phrase
toujours la même
une phrase
répétée...
sans arrêt
sans réponse...
l'homme la regarde ses yeux tournent
il fait des gestes avec les bras
comme un noyé
et la phrase revient
rue de Seine au coin d'une autre rue
la femme continue
sans se lasser...
continue sa question inquiète
plaie impossible à panser
Pierre dis-moi la vérité
Pierre dis-moi la vérité
je veux tout savoir
dis-moi la vérité...
le chapeau de la femme tombe
Pierre je veux tout savoir
dis-moi la vérité...
question stupide et grandiose
Pierre ne sait que répondre
il est perdu
celui qui s'appelle Pierre...
il a un sourire que peut-être il voudrait tendre
et répète
Voyons calme-toi tu es folle
mais il ne croit pas si bien dire
mais il ne voit pas
il ne peut pas voir comment
sa bouche d'homme est tordue par son sourire.,.
il étouffe
le monde se couche sur lui
et l'étouffé
il est prisonnier
coincé par ses promesses...
on lui demande des comptes...
en face de lui...
une machine à compter
une machine à écrire des lettres d'amour
une machine à souffrir
le saisit...
s'accroche à lui...
Pierre dis-moi la vérité.


Jacques Prévert, Paroles, Éditions Gallimard, 1949, p. 60-62
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Jacques Prévert « Paroles », Éditions Gallimard, 1949


Aujourd’hui, Translatum a terminé le publication de l’œuvre de Jacques Prévert « Paroles », Éditions Gallimard, 1949. Nous serons bientôt de retour avec d’autres recueils de ses poèmes.
Nous vous remercions de votre intérêt et vous souhaitons de toujours aimer la lecture.

Pour en savoir plus sur la poésie consulter : « Index of World Poetry », et si vous lisez le Grec notre Index des Poètes Grecs.



Σήμερα, στο Translatum ολοκληρώσαμε την δημοσίευση των ποιημάτων Paroles, Éditions Gallimard, 1949, του Jacques Prévert. Θα επιστρέψουμε και με άλλα έργα του.
Καλή ανάγνωση και σας ευχαριστούμε πολύ.


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L' amour est clair comme le jour,
L' amour est simple comme le bonjour,
L' amour est nu comme la main,
C' est ton amour et le mien.


Η αγάπη είναι φωτεινή σαν την μέρα,
Η αγάπη είναι απλή σαν την καλημέρα,
Η αγάπη είναι σαν το χέρι γυμνή,
Είν’ η αγάπη σου και η αγάπη μου αυτή!


Ζακ Πρεβέρ, Απλή σαν καλημέρα (μετάφραση Νικολέττα Σίμωνος)
« Last Edit: 10 Oct, 2016, 06:56:03 by Frederique »


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Jacques Prévert - Le souvenir d'amour

Le souvenir d'amour,  c'est pas un cœur
au bout d'une chaîne, ni peint à l'entonnoir
sur un cochon de pain d'épice à la foire,
ni un feu d'artifice la main dans la main
enfin, c'est pas ce qui est gravé dans
ma mémoire, c'est ce qui est tatoué invisible
sur mon corps tout entier,
mon corps aimé, caressé, admiré.


Ζακ Πρεβέρ - Η ανάμνηση του έρωτα

Η ανάμνηση του έρωτα δεν είναι μια καρδιά
στην άκρη μιας αλυσίδας, ούτε γραμμένο όνομα
πάνω σ’ ένα γουρουνάκι από μελόψωμο στο πανηγύρι
μήτ’ ένα πυροτέχνημα που σκάει στων χεριών το κράτημα·
τέλος, δεν είναι αυτό που είναι χαραγμένο
στη μνήμη μου, είναι αυτό που είναι αόρατα χαραγμένο
πάνω σ’ ολάκερο το σώμα μου,
το σώμα μου το χορτασμένο από αγάπη, χάδι, θαυμασμό.


Μετάφραση: Νικολέττα Σίμωνος
« Last Edit: 11 Feb, 2017, 13:18:30 by spiros »


 

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