Αντιγραφή από : Dictionnaire amoureux de la Grèce
Je n'ai pu résister au plaisir de terminer cette évocation par le texte qui suit, paru en 1980 mais écrit bien avant, un texte où se mêlent étrangement les noms des îles grecques, des hymnes orthodoxes et... des stations de métro parisiennes !
LES MOTS
Lorsqu'il nous arrive, en rentrant de Paris, de respirer la brise du golfe Saronique, dans la lumière amicale, le parfum des pins et la sobriété des mythes — ceux d'aujourd’hui comme ceux d'avant le Déluge — d'étincelants geysers se mettent à jaillir comme sonneries d'instruments à vent, échos vibrants de percussion, jaillissent aussi des mots, des mots-oracles, des mots-arcanes, des mots-sésame pour le présent et l'avenir, les mots «Eleison», «Je t'aime», «Gloire au plus haut des cieux», des mots qui surgissent soudain comme éclairs d'épées affrontées ou fracas de métro arrivant sur le quai d'une gare souterraine, les mots: Chardon-Lagache, Denfert-Rochereau, Danton, Odéon, Vauban et «Gloria in excelsis deo»!
J'ajouterai pour conclure ce court hommage que le poète Elytis, dans une Lettre à Andréas Embirikos, lui écrivit cette phrase remarquable qui est à mes yeux une des plus belles définitions jamais données de la poésie: «Car, mon cher Andréas, c'est bien de cela qu'il s'agit. La poésie est née pour corriger les erreurs de Dieu. Ou alors pour montrer à quel point nous avons dévoyé son don.»[/i]
Encore une phrase à inscrire sur notre iconostase portative !
Jacques Lacarrière, Dictionnaire amoureux de la Grèce, pages 261-262, Editions Plon